L’intégration des NTIC à la
formation initiale des enseignants : le cas des écoles normales
d’instituteurs de l’enseignement général du Cameroun
Aussi
bien sur les plans techniques, pédagogiques que didactiques, cette étude menée par Djeumeni Tchamabe se
donne pour objectif « de comprendre et d’expliquer les représentations des
futurs enseignants face aux TICs (…) et leur pratique avec les TICs selon
qu’ils sont formés ou non ».
Le
Cameroun, pendant la période coloniale, a connu plusieurs systèmes de
formations des enseignants. Si les Allemands n’ont mis l’accent que sur les
rudiments susceptibles d’enseigner la catéchèse, les Français et les Anglais
quant à eux, ont ouvert des écoles de formation des moniteurs de l’enseignement
primaire par le truchement des missionnaires. La création des ENS et ENIEG ne
commencera qu’en 1972, avec la réunification du pays. Ces institutions de
formations connaitront un dynamisme avec les nouveaux objectifs et programmes découlant
des Etats généraux de l’éducation au Cameroun et la loi d’orientation d’avril
1998. Dans le souci de ne point rater le train de la modernité et de la
mondialisation, en 2001, le président du Cameroun exhortera les enseignants et
les élèves à maitriser l’outil informatique. A la suite de cette exhortation du
chef de l’Etat, en 2002 le ministère de l’éducation nationale introduira officiellement
l’informatique dans les programmes de formation des enseignants. Aussi
verra-t-on s’ouvrir progressivement à partir de 2003, des centres multimédias,
des cybercafés et des points-net dans certains établissements scolaires et
villes du pays. Tout cela dans les zones pédagogiques du Nord, de l’Ouest et du
Sud.
Selon
Baron, pour qu’un enseignant « puisse adopter de nouvelles postures éducatives
avec les TICs », il lui faut faire preuve de trois types de compétences :
techniques, didactiques et pédagogiques. Or, le Cameroun, à l’instar de nombre
de pays de l’Afrique subsaharienne, souffre d’obsolescence infrastructurelle et
d’absence d’enseignants qualifiés dans le domaine de l’informatique. C’est
ainsi que, des 57 ENIEG que compte le pays avec une population de 5600
enseignants, aucune n’est dotée de centre de ressources multimédia.
En
utilisant donc des instruments tels que l’observation, les entretiens et le
questionnaire auprès des élèves-maitres, il ressort que dans les zones rurales,
les enseignants ne mettent pas la question des TICs au menu de leurs préoccupations
pédagogiques. Comment pouvait-il en être autrement quand on sait qu’il y a dans
ces zones rurales une absence criarde en électricité et ordinateur? La
population enseignante vieillissante est technophobe et tournée vers la
routine. La technophobie est favorisée par les effectifs pléthoriques et les
difficiles conditions de travail des enseignants.
Dans
les établissements où se rencontrent les centres de ressources multimédia, la
fonction la plus usitée est la recherche d’information. De plus, la majorité
des femmes enseignantes n’utilisent les TICs que pour le courrier électronique.
Les maigres rémunérations salariales, le coût élevé de la connexion
informatique, la lenteur du débit de l’internet ne sont pas pour favoriser une représentation
positive des TICs auprès des enseignants. Il est donc clair que le niveau
d’utilisation des TICs chez les enseignants camerounais, qu’ils soient formés
ou non, reste bas. Même s’il est vrai que les enseignants du supérieur ont des représentations
plus positives de la pratique des TICs que ceux du secondaire, et ceux-ci plus
que ceux du primaire. On peut conclure que l’informatique n’est pas ce qui court les rues dans le
paysage éducatif camerounais, surtout dans les zones rurales. Il y a encore
beaucoup à faire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire