jeudi 27 octobre 2011

L'AUTORITE






Question : La vraie et légitime autorité a nécessairement les bornes. Nommez trois bornes de l’autorité et expliquez comment chacune limite l’autorité.
Réponse : La contrainte extérieure, la persuasion par arguments et la domination sont les trois bornes qui limitent l’autorité.
La contrainte extérieure, par l’usage de la force qu’elle préconise, porte dangereusement atteinte aux droits de l’homme par une violence injustifiée ayant pour  conséquence directe la restriction pure et simple de la liberté individuelle. La contrainte extérieure, de ce fait, détruit la personnalité de celui qui obéit et, loin de rendre le monde meilleur finit plutôt par l’empirer. Dans le champ de l’éducation, celui qui subit une telle contrainte extérieure ne peut pas véritablement participer à la construction du savoir : il devient passif, a peur de prendre des initiatives et manque de motivation. C’est en ce sens que la contrainte extérieure ne saurait aller avec l’exercice d’une autorité vraie et légitime. S’il y a donc une contrainte à promouvoir, c’est la contrainte intérieure. C’est elle qui libère, légitime l’autorité, fait appel au respect et ouvre à l’éducation.
Quant à la persuasion par arguments, elle est une sorte de coercition. Pourtant, souligne Arendt : « ni la force ni la persuasion ne sont nécessaires pour obtenir l’acquiescement »[1]. Aussi la persuasion contribue-t-elle à assujettir l’autre, créant ainsi deux catégories d’individus : d’un côté les maîtres (ceux qui commandent) et de l’autre les esclaves (ceux qui obéissent). Avec la persuasion, il n’y a pas d’altérite et, la relation éducateur/éduqué est dissymétrique. L’élève devient dans un pareil rapport quelqu’un qui « exécute » le savoir magistral de l’enseignant. L’autorité, dans un tel cas, est illégitime.
La domination exclut la communication, écarte tout dialogue. Elle installe un rapport de force entre celui qui commande (dominant) et celui qui obéit (dominé).  Tout espace propice à la liberté partagée, à l’égalité ou à la créativité est proscrit. La domination ne permet pas de comprendre le bien-fondé de l’obéissance. De ce point de vue, elle limite l’autorité.
En somme, la légitimation de l’autorité chez Hannah Arendt demande que la contrainte extérieure, la persuasion par arguments et la domination soient considérées comme des bornes qui limitent la vraie autorité. Ces trois bornes s’éloignent du principe selon lequel « l’éducation doit éviter de n’être qu’un simple conditionnement et une adaptation hétéronomique (aliénation) des jeunes au monde des adultes ; la réussite de l’éducation dépend de la compétence morale, de la solidarité, de la confiance mutuelle des deux partenaires en situation pédagogique »[2]. Point besoin de violence physique, psychologique ou morale en ce qui concerne une vraie et légitime autorité.


[1] H. ARENDT, La crise de la culture, Paris, Gallimard, 1972, p. 143.
[2] O. HOFFE, (Sous la dir.), Petit dictionnaire d’éthique, Paris, Cerf, 1993, p. 87.

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