Question :
La
vraie et légitime autorité a nécessairement les bornes. Nommez trois bornes de
l’autorité et expliquez comment chacune limite l’autorité.
Réponse :
La contrainte extérieure, la persuasion par arguments et la domination sont les
trois bornes qui limitent l’autorité.
La contrainte extérieure,
par l’usage de la force qu’elle préconise, porte dangereusement atteinte aux
droits de l’homme par une violence injustifiée ayant pour conséquence directe la restriction pure et
simple de la liberté individuelle. La contrainte extérieure, de ce fait, détruit
la personnalité de celui qui obéit et, loin de rendre le monde meilleur finit
plutôt par l’empirer. Dans le champ de l’éducation, celui qui subit une telle
contrainte extérieure ne peut pas véritablement participer à la
construction du savoir : il devient passif, a peur de prendre des
initiatives et manque de motivation. C’est en ce sens que la contrainte extérieure
ne saurait aller avec l’exercice d’une autorité vraie et légitime. S’il y a
donc une contrainte à promouvoir, c’est la contrainte intérieure.
C’est elle qui libère, légitime l’autorité, fait appel au respect et ouvre à l’éducation.
Quant à la
persuasion par arguments, elle est une sorte de coercition. Pourtant, souligne
Arendt : « ni la force ni la
persuasion ne sont nécessaires pour obtenir l’acquiescement »[1].
Aussi la persuasion contribue-t-elle à assujettir
l’autre, créant ainsi deux catégories d’individus : d’un côté les maîtres
(ceux qui commandent) et de l’autre les esclaves (ceux qui obéissent). Avec la
persuasion, il n’y a pas d’altérite et, la relation éducateur/éduqué est dissymétrique.
L’élève devient dans un pareil rapport quelqu’un qui « exécute » le
savoir magistral de l’enseignant. L’autorité, dans un tel cas, est illégitime.
La domination exclut la
communication, écarte tout dialogue. Elle installe un rapport de force entre
celui qui commande (dominant) et celui qui obéit (dominé). Tout espace propice à la
liberté partagée, à l’égalité ou à la
créativité est proscrit. La domination ne permet pas de comprendre le
bien-fondé de l’obéissance. De ce point de vue, elle limite l’autorité.
En somme, la légitimation
de l’autorité chez Hannah Arendt demande que la contrainte extérieure, la
persuasion par arguments et la domination soient considérées comme des bornes qui
limitent la vraie autorité. Ces trois bornes s’éloignent du principe selon
lequel « l’éducation doit éviter de
n’être qu’un simple conditionnement et une adaptation hétéronomique (aliénation)
des jeunes au monde des adultes ; la réussite de l’éducation dépend de la compétence
morale, de la solidarité, de la confiance mutuelle des deux partenaires en
situation pédagogique »[2].
Point besoin de violence physique, psychologique ou morale en ce qui concerne
une vraie et légitime autorité.